En ces temps de
célibataire, je creuse un peu plus mon côté obscur. Je ne sais rien de
l’avenir, il m’est difficile de savoir. J’aime encore ma femme, mais
elle ?
Je suis
malheureux de voir ma fille souffrir, je trouve ça dégueulasse. Je me dis que
le discours ambiant qui banalise le divorce est une sottise, un refus des
adultes que nous sommes de nous engager vraiment. Ainsi, pour se rendre la vie
plus facile, pour croire encore à la vie dont ils rêvaient, pour frétiller à
nouveau avec d’autres, beaucoup d’entre nous reportent leurs frustrations
d’adultes sur leurs enfants. Ils les ont mis au monde dans une famille, puis
décident quelques années plus tard de détruire ce monde, quoiqu’on en dise
épanouissant pour leur progéniture le plus souvent. Et pour souffrir moins, ne
plus faire de compromis, ils imposent des choix brutaux, et finalement
malveillants à ceux qu’ils ont faits vivre. Je ne veux pas divorcer pour ma
fille, et je trouve ma femme égoïste. Tout cela n’a plus de sens, elle m’a
choisi, désiré, aimé à l’impatience, attendu même à l’excès, en sachant et en
appréciant celui que j’étais, je n’ai jamais menti, ni caché qui j’étais, j’ai
abandonné bien des envies, des amis, des projets. Quand on vient de loin, on
réussit rarement tout en une fois. Il ne faut pas lâcher le but final, mais
savoir lâcher sur d’autres choses. C’est une question de survie. J’aime les
gens qui entreprennent dans la vie, et qui ne renoncent pas.
Me voilà donc à
chercher ceux qui ont de l’énergie, qui regardent devant, et à me confronter aux pensées et aux actes
qui vont de pair. Agir encore, allez vers les gens, entrer en relation et voir.
Et je connais
une jeune entrepreneuse ravissante, sociable… que je voulais revoir. Il semble
que ce sera possible, dans des
conditions, disons amicales. Je me demande si elle a envie de creuser, comme
moi, pour voir, pour en profiter. Elle aussi sait déjà à peu près tout de moi,
et de ma femme… Le mystère est dangereux, je ne l’aime pas. J’ai une femme et
une fille, je me dois d’être prudent. Et ma vie est assez compliquée pour ne
pas l’imposer à quelqu’un sans prévenir… j’ai déjà lu des mails incendiaires
entre ma femme et mes maîtresses, pfioufff.
Je l’appelle
pour prendre de ses nouvelles, pour reparler de ce possible rendez-vous, un peu
fébrile. Les minutes filent, nous nous racontons les dernières infos… Elle
viendra dans quinze jours. Nous établissons un plan de distraction et
d’introspection pour un week-end, un peu court. Je suis presque obligatoirement
avec ma fille chaque dimanche après-midi, ma femme passe la chercher vers
18h00. A bientôt, fin. Devant le calendrier, je me rends compte qu’elle va
venir le jour de mon anniversaire. Ben mince, ça c’est de l’acte
inconscient ! Dirait ma femme.
Cela étant je
m’en réjouis, ma femme est si loin, se veut si libre. Je n’aurai jamais espéré
cela le jour où j’ai débuté mes recherches animales, juste pour essayer. Ben
voilà, je veux vivre ce genre de choses, et l’argent n’est définitivement plus
un problème dans mon esprit. Je me dis qu’en plus, d’autres aventures
m’attendent bientôt. Et puis comme ça j’ai des fantasmes de secours…
J’ai
l’impression d’un chemin initiatique qui me tombe dessus, depuis des années
finalement, une quête perpétuelle du plaisir, mais je veux aussi jouir de la
tête. Alors il me faut des filles à part, je crois que j’ai quelque chose du
cochon de Marcella Yacub. Je me dis depuis longtemps que ce n’est pas grave car
je ne suis pas le seul ; même du côté des femmes il y a de nombreuses
adeptes. Enfin du point de vue du nombre, parce qu’en fait nous sommes
statistiquement ultra-minoritaires, nous ne serions que 2% de la population à
mener ce genre de vie. Et pourtant le HPV prospère presque partout. Va
comprendre Charles !
Au fond de mes
bois, dans un hiver à peine froid, je finis les travaux, je range encore, j’en
ai rarement envie en ce moment. Je prépare le rendez-vous en faisant des choix
à effet papillon (vous n’imaginez pas à quel point). Par exemple, pour éviter toutes perturbations cosmiques
féminines (c’est la façon la plus diplomate de le dire), j’ai menti à ma femme,
en lui disant que j’irais chez des potes assez loin d’ici, que je ne serais pas
disponible. J’ai mis des fleurs dans la maison, celles que mon amie aime, parce
que j’ai eu le temps de les chercher, d’acheter les vases que ma femme n’a
jamais su mettre à la maison…
Le hasard
devient un ami, parce que j’ai du temps, c’est assez troublant, j’ai du mal à
trouver mon équilibre dans cette nouvelle vie. J’ai l’impression de trop en
profiter et pourtant j’assume aujourd’hui tous les choix que je fais. Peut-être
qu’il faut du temps, les bonnes personnes. Je me dis que ça va venir, sans
savoir encore trop comment, pour l’instant tout est flou.
L’hiver à peine
froid me met tout de même en retard par des voies imprévues. Grrr ! Je la retrouve à la gare, je l’embrasse sur
la joue, je contiens ma fièvre. Nous filons à la voiture. Distraits par tout un
tas de choses, nous enchaînons en vrac tous les trucs à nous dire. Je l’emmène
manger dans un petit resto italien, souvent vide, alors que pourtant c’est bon,
simple, surprenant, divertissant. Elle les charme avec quelques sourires, parle
d’Italie avec ce couple qui va chercher ses produits là-bas, s’attarde sur des
masques vénitiens, des affiches de films, dont celle de la Dolce Vita, avec la
fameuse fontaine. Le repas est agréable, je retrouve la femme que j’ai quittée
il y a quelques semaines, elle a largué son mec, et semble encore plus décidée
qu’avant à ne plus se laisser emmerder, même si elle affirme qu’elle attend son
Homme à elle. Nos soucis nous sont légers ce soir, la vie est douce. Nous
passons pour des amoureux, c’est drôle, et tellement plaisant d’être avec elle.
A la fin du
repas, ses yeux repartent en chasse dans le restaurant, puis dans la boutique au
rez-de-chaussée, quelques bouteilles de «soda italiens » exotiques,
stylisées, rehaussées de jolies pin-up, l’amusent beaucoup. Tu les as
décapsulées tes petites pin-up depuis ?
Nous rentrons,
ma femme devient pénible en mode SMS, après des réponses courtes, puis
espacées, puis directes, je coupe mon portable. Je veux être tranquille. A.
s’installe, je m’affaire, nous reprenons nos discussions, explorant notre
sommaire nocturne. Nous fumons, grignotons, buvons (de la tisane), elle part se
changer, revient en nuisette, et petite laine version glamour, même contre la
cheminée elle a froid. Il fait froid dans mon pays, des fois jusque dans ma
maison. Ses hormones semblent lui travailler un peu le ventre. Elle se montre à
moi, tu veux voir mes seins ?… les voilà libérés… je les touche un peu,
les embrasse doucement, puis les recouvre de tissu, il est assez tôt, et puis
je veux la regarder encore, lui parler. Je me demande si son ventre ne l’embête pas trop pour se faire
secouer encore en plus. Nous continuons notre soirée sous la couette déjà, mais
encore habillés, assis, sages. Les petits plaisirs plus ou moins artificiels se
succèdent, elle demande un truc spécial, je lui propose des biiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiip, double dose,
ça finit par venir, d’abord doucement, puis plus fort. Nous nous étalons,
préparons la mise en veille. Défi improvisé, la voilà qui fait sa fille qui ne
veut plus bouger. Et de me tordre et m’y reprendre pour mettre le canapé à
l’horizontal. Elle rit, fort, et semble même ne manifester aucune pitié, ni
pour moi, ni pour le canapé, qui crisse et se bloque. Bouuu….clic…gressss !…clac.
J’abandonne mes
fringues, pas toutes J.
Je la rejoins, nous parlons, fumons encore, il est très tard, nous nous
endormons. A un moment, elle me dit que je n’arrête pas de la toucher. Je suis
confus, voilà que mes mains courent sur toutes les filles qui dorment à mes
côtés. Elles ont eu la décence de ne pas aller partout, c’est déjà ça ! Je
me retourne, me répète : ne la touche pas, ne la touche pas ! Je la
désire, mais le sexe n’a pas le même goût pour elle ; et dire que ma femme
me trouve trop esclave de mes pulsions. Je ne suis pas frustré, j’ai juste une
terrible envie d’elle. Ça me rappelle les nuits passées avec ma trop jeune maîtresse,
elle avait beau être nue à mes côtés chaque fois, jamais je n’ai couché avec
elle, me contentant de la lécher et de bander des heures. Le sommeil revient
vite.
Le jour pointe
quand je me réveille, je guette ses mouvements…rien…je me rendors.
Cette fois il
est tard, elle dort toujours. Nous avons beaucoup voyagé dans le temps hier,
c’est fatigant. D’habitude c’est moi qui dort longtemps dans ces moments.
Serai-je le repos de la guerrière ?
Elle se
réveille, je l’informe que nous sommes en retard sur notre planning. Pas grave
dit-elle, je ne pars que demain. Petit-dèj, et autres affaires matinales.
Elle s’installe
pour écrire et me montrer des trucs, j’ai à peine le temps de m’assoir vers
elle, que Bam BamBAMBAMBAM, la porte fenêtre de la cuisine résonne. Ma femme
débarque récupérer des affaires. Je ne suis pas seul ! Hein ? Tu te
moques de moi, et mes messages…et….pis…poufiasse...tu lui dis de partir…Non. La
colère se déversa, d’autant plus que je n’avais jamais mis autant de fleurs
dans le salon. Oups ! A. essaie de lui parler, en vain. Elle tombe à
genoux. Nous parlons. Elle part.
Je suis navré
pour A, qui en plus en avait rêvé cette nuit. Et nous n’avons pas travaillé.
Nous partons
pour notre dégustation, ma cousine est tout de suite à l’aise, le vin est bon,
A. préfère les rouges. Ma cousine n’a jamais été aussi limpide sur sa vie
maritale, condamnant la plupart des « femmes d’aujourd’hui ». A. sort
téléphoner, ma cousine me dit : c’est une fille comme ça qu’il te
faut ! Oh là cousine, y’a du monde sur les rangs, pis j’ai une femme pour
l’heure.
Le temps
tourne, mes cartons dans les mains, je
la salue une dernière fois, la remercie. Je ne rencontre personne à qui
elle ne plaît pas. Mon impression se confirme. Je me demande ce que ça fait de
vivre aux côtés d’une femme comme elle, comment ne pas s’inquiéter de tous les
désirs qu’elle peut déclencher, même chez les femmes des fois. La mienne le
fait à sa guise, mais sous le manteau, elle se cache des regards le plus
souvent, coupe court, au point d’être souvent désagréable.
Revoiture pour
10 min. A la campagne, tout est toujours un peu plus loin. Pas le temps de
visiter la ville, de toute façon il ferait trop froid dehors. Nous descendons
au caveau, nous voilà parti, après un peu d’attente, avec un couple de
retraités, et la maîtresse du jour debout devant la grande table blanche et
brillante, pour trois heures d’initiation aux vins d’ici. Peut-être que je le
raconterai un autre jour, mais pour faire simple, nous apprenons à reconnaître
des odeurs variées, des goûts, puis testons une dizaine de vins avec un certain
cérémonial à chaque fois : la couleur, l’odeur, puis tout ce qui
ébranle notre bouche, la mise en mot de chaque impression. Le vin est une
réjouissance, même quand on recrache presque tout comme ce soir. Le cours a été
efficace, je n’ai jamais tant ressenti les détails, les assemblages (au sens
figuré). Je me suis dit que le vin de mon cousin était supérieur souvent à ceux
que j’ai goûtés ce soir. Certains sont même décevants.
Nous sortons instruits
et curieux, elle m’offre le restaurant pour mon anniversaire. Un excellent
japonais avec une petite touche française pour certains plats. Elle voulait
sortir, mais son ventre se réveille. Elle grimace un peu. Il est déjà 21h00. Je
l’invite à rentrer pour son confort, elle accepte avec le regret d’écourter la
soirée.
Le canapé c’est
bien aussi, surtout quand notre corps demande un peu de repos. Elle a de plus
en plus mal. Je crois entendre ma femme après qu’innocemment je lui ai proposé
du paracétamol. Et puis je n’ai même plus de quoi faire des mélanges d’huiles,
ni le petit traité médical qui va avec. Nous fumons, couchés l’un contre
l’autre, ma main sur son ventre, nous parlons encore, c’est vrai que la journée
a été plus que remplie. Mon désir se réveille ; je suis tellement bien
dans ses bras ! Puis il se met en sourdine, un bruit lointain, et très localisé
physiquement. Elle se blottit contre moi, je l’invite à se déshabiller, elle
refait sa fille qui ne veut plus bouger. Je ne me mêlerai pas de la dessaper,
je n’oserais pas. Elle marmonne des fois, se cale de plus en plus. Elle
s’endort. Je mets la maison en sommeil, me recouche à ses côtés, fume. Je
m’endors par paliers de moins en moins conscients.
Cette nuit j’ai
été sage, je me suis réveillé 30 min avant le réveil, nous n’avons pas le temps
de traîner. Un train nous attend, enfin sans vraiment nous attendre justement.
Et elle est du genre chipie qui prolonge les derniers instants. C’est très
agréable, mais je suis le préposé de Madame pour ce qui est de la présenter à
l’heure à son train. Elle finit par prendre de quoi soulager son mal de ventre.
Mine de rien nous débriefons le week-end, tout en préparant notre départ. Et
pour l’instant, que du positif, beaucoup d’affection, envie de se revoir en ami
et plus si affinités. Je l’approche à peine, si on s’embrasse en plus toutes
les cinq minutes, on n’y arrivera pas. On y va ?... T’es bientôt
prête ? … Bon cette fois on doit partir !
Nous arrivons à
l’heure, c’est le moment le moins agréable, la fin du vortex émotionnel. Nous
revoilà bouche-à-bouche, une dernière fois. Une fille qui m’embrasse autant de
toute façon, je ne résiste pas.
Je retourne à
ma vie, apaisé. Je ne pense même pas trop à ma femme dont j’attends la contre
réaction. Une petite voix en moi espère que ça lui a été très désagréable.
Tais-toi petite voix, ça n’est pas constructif !
Finalement ça a
débloqué un truc, nous reparlons, pas sans excès, mais enfin c’est un début,
nous commençons notre thérapie commune.
Je me demande
d’ores et déjà si je pourrai revoir A., parce que mine de rien, si ma femme a
des exigences, je n’aurai pas le choix. Deux minutes après : non y’a pas
moyen, je ne céderai pas là-dessus dans les mois à venir.
Ça sent le mal
de tête cette affaire…
Adam